Black Mirror ou LA série de laquelle vous ne sortirez pas indemne

Il y a de cela un an, un ami scénariste m'a conseillé de regarder Black Mirror, une série britannique qui compte actuellement sept épisodes de 40 minutes à une heure.

Et je n'ai absolument pas perdu mon temps! C'est même une des seules fois où je me suis dit "j'ai tellement bien fait de me mettre devant cette machine infernale!"

Qui connaît cette pépite de Charlie Brooker (principalement) sera sans doute de mon avis, c'est une œuvre d'art, un bijou scénaristique à la réalisation impeccable traitant de sujets d'actualité avec une finesse telle que le réalisme du résultat est totalement vertigineux!

MON EXPERIENCE DE LA SERIE

J'ai regardé le premier épisode de Black Mirror sans savoir à quoi m'attendre par un après-midi parisien un peu gris.

C'était les conditions idéales!

Dès la première minute, la première image, on sent l'univers un peu dark, proche du thriller policier. Le gris du ciel se transporte sur l'écran de mon ordinateur en teintes sombres. L'atmosphère est pesant. Bref, petits frissons, que va-t-il se passer?

Le pitch: Une jeune fille issue de la noblesse et très appréciée des sujets de sa majesté a été enlevée. Jusque-là pas de soucis. On est dans le policier classique. On s'attend à voir débarquer le MI-6 ou autres James Bond pour s'emparer du sujet et libérer la pauvrette.

Mais là, première claque! Les ravisseurs, qui ont contacté directement le cabinet du premier ministre, demandent comme rançon que ledit premier ministre (tenez-vous bien!) sodomise une truie (dont les dimensions sont bien entendu précisées) en direct live sur les ondes britanniques.

oO

Comment vous expliquer ma stupeur face à ça! Pour ceux qui ont suivi mon expérience de 50 nuances de détérioration de la femme, c'était assez proche.

Je ne vous donne pas le dénouement de cette histoire. Aussi abject que ça puisse paraître, vous n'êtes pas au bout de vos surprises et je ne vous spoilerai pas la diversité des états par lesquels je suis passée en regardant la fin de cet épisode parce que je veux vraiment que vous alliez faire votre propre expérience.

Ce que je peux vous dire en revanche, c'est qu'après avoir passé cette épreuve (parce qu'il s'agit vraiment d'un test en fin de compte pour savoir si vous avez ce qu'il faut pour regarder la suite de cette série), je voulais vraiment, vraiment, vraiment connaître la suite.

Et là deuxième claque! Le deuxième épisode n'a rien à voir avec le premier. Alors je regarde le troisième... Rien à voir non plus! Et maintenant me voilà frustrée par la quête de la suite de non pas un, ni deux, mais bien trois épisodes!

FICHUES FINS OUVERTES!!!!!!!!!! Et en même temps, c'est ça qui participe au charme de cette série. Rien à voir avec le thriller policier, on est dans de la science-fiction technologique hyper réaliste.

Alors vous allez me dire en bons sériphiles que vous êtes, qu'une série a pour objectif, justement, d'avoir une cohérence entre les épisodes, de retrouver les mêmes personnages ou les mêmes acteurs. Que nenni, ici rien de tout cela! Ce qui fait de Black Mirror une série, c'est son fil rouge: la technologie et les médias. Et quelle trouvaille merveilleuse! Franchement, dans un monde où les gamins apprennent à lire sur Ipad, à écrire sur Iphone et à penser sur Facebook; il fallait arriver à cette simple idée, tellement flagrante qu'elle en est banale: la technologie et les médias font de nous de vrais pantins! Je veux que vous saisissiez pleinement la teneur de cette expression parce qu'elle n'est pas anodine. Et si l'on ajoute à notre petit monde de brebis égarées dans la masse mondiale d'informations quelques précieuses années, on débouche sur le monde de Black Mirror.

Après avoir vu Black Mirror, vous comprendrez ce que j'entends par "vrais pantins". Il y a là-dedans non seulement de la dépendance mais aussi et surtout de l'esclavagisme volontaire. La vie, Votre vie, ne vous appartient plus et c'est vous qui l'avez choisi. Donc, ce ne sont pas des machines qu'il faut avoir peur, mais bien de soi! (à méditer!)

CRITIQUE

Vous avez bien compris, je suis tombée sous le joug de cette série parce qu'on ne peut pas parler de charme.

Regarder Black Mirror, c'est un sentiment abyssal qui vous transporte du dégoût de la société à la peur du lendemain en passant par le constat de la réussite machiavélique des scénaristes qui te démontrent à chaque épisode que si tu as regardé, tu t'exposes exactement à ce qui est dénoncé. Cercle vicieux! C'est diabolique! Les métaphores y sont omniprésentes tout comme les liens avec l'actualité brûlante de notre monde... Exemple simple: Comment ne pas faire le lien entre les actes du fameux premier ministre de l'épisode 1 et celui qui a mis en place la politique d'austérité dès son arrivée au pouvoir en 2010 en Angleterre...

Je veux m'attarder un peu sur l'épisode qui m'a le plus plu/choqué/interrogé/hanté (choisissez votre mot, moi je n'arrive pas à trouver le mot juste pour décrire ce que j'ai ressenti tellement les sentiments sont jouissifs, honteux et nouveaux).

SAISON 1 EPISODE 2: 15 millions merits /!\ SPOILERS!!!!!!

On est dans une sorte de monde clos où hommes et femmes passent la journée sur les vélos accompagnés d'écrans avec le programme de leur choix pour servir la société. C'est eux qui alimentent l'énergie qui crée les médias...

Le protagoniste principal est sensible à un programme type X-factor où les juges comme le public représentés par des petits personnages type wii décident si la personne qui se rend sur le plateau a un talent assez précieux (médiatiquement parlant) pour sortir du monde clos et faire partie du monde médiatique. Au détour d'un couloir il entend la voix magnifique d'une belle jeune femme qu'il va aider à obtenir un ticket d'entrée au télé crochet. Mais les juges décident qu'elle a une belle voix certes, mais un physique encore mieux. Elle finit actrice porno.

Je n'ai jamais été aussi interpellée par un sujet de série. Je ne cache pas que je suis une fervente défenseurE de la cause des femmes dans le sens où je n'accepte pas que la femme soit traitée autrement que le reste des êtres humains. La dégradation que subissent les femmes encore de nos jours, et celle surtout que certaines se font subir parce qu'on leur appris qu'elles devaient se comporter de telle ou telle façon par voie d'éducation ou bien par voie sociale et médiatique, est tout simplement intolérable.

Dans cet épisode, on touche à toutes les inégalités du genre humain et de manière si actuelle que c’en est dérangeant. Lorsque j'ai terminé cet épisode, j'avais envie de hurler, de pleurer, de monter au créneau, de dormir pour oublier que j'existais dans un monde pareil...

** fin du spoiler **

Voilà, voilà. Je remercie tous ceux qui ont participé au choix de ce sujet. Vous pouvez commenter ci-dessous. Pour tous ceux qui ne connaissent pas encore cette série, je vous conseille donc vivement d'aller y jeter un coup d’œil. Âmes trop sensibles, s'abstenir...

/!\ Jeunes de moins de 16 voire 18 ans, je vous déconseille de regarder la série. Les sujets sont forts, parfois choquants et vous n'avez pas forcément encore le vécu suffisant pour comprendre les intentions des scénaristes.

 

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